
« Hé ! Lili, pourquoi il faut tout le temps se laver ? », « Hé ! Lili, ce matin, je me suis réveillé avec une tache dans mon pyjama. C’était pas du pipi. C’était un truc tout blanc et un peu gluant. C’est grave, tu crois ? » Dans la websérie Sexotrucs – vingt épisodes de trois minutes –, des enfants papotent avec la joyeuse Lili (portée par la voix de la comédienne Lison Daniel), une experte en vie affective et sexuelle qui est, pour eux, comme une grande sœur à laquelle ils posent leurs questions.
C’est quoi un sexe masculin ? Et un sexe féminin ? Comment on fait les bébés ? C’est quoi une famille ? C’est quoi faire l’amour ? C’était qui ces gens tous nus filmés de très, très près dans la vidéo qu’on a vue à la récré ? Qu’est-ce qu’on fait si on ne veut pas faire un câlin ou un bisou à quelqu’un ? On peut être amoureuse d’une fille si on est une fille ?
Lili répond à toutes leurs interrogations, sans tabou. Elle demande parfois des conseils au Docteur Çava, qui explique avec des mots très simples tout ce qu’il faut savoir sur le sexe quand on a entre 8 et 11 ans. Par exemple, dans un épisode sur l’hygiène intime, il explique, à l’aide de petits dessins, qu’il ne faut jamais forcer le décalottage du gland ni nettoyer l’intérieur du vagin.
Cette série maligne et poétique, diffusée sur Lumni, la plateforme éducative de France Télévisions, connaît un joli succès auprès des enfants, des préados et de leurs parents. Lancée le 14 octobre, elle a cumulé près de 30 000 vues les trois premières semaines et l’audience ne faiblit pas. « C’est un des meilleurs lancements » pour la plateforme, observe Anne Daroux, directrice de l’unité éducation du groupe audiovisuel. « C’est bien la preuve qu’il y a un besoin », ajoute-t-elle. Au top 3 des épisodes les plus visionnés : « Le sexe féminin », « Le sexe masculin » et « L’hygiène intime ». « Celui sur le consentement est aussi très regardé, poursuit Anne Daroux. En plein procès Mazan, c’est un outil précieux pour les parents. »
« Pour protéger, il faut éduquer »
Alors qu’un projet de programme à l’éducation affective et sexuelle à l’école a suscité fin novembre l’offensive farouche d’associations et de médias ultraconservateurs, Anne Daroux a craint l’avalanche de contestations. Mais, pour l’instant, la série est épargnée.
« Avec Sexotrucs, Lumni est pleinement dans son rôle de service public de l’audiovisuel », assume-t-elle. Elle se souvient de son choc en parcourant les chiffres « glaçants » de l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) sur l’exposition des mineurs au porno, ainsi que ceux de la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants).
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