« On se sent libres et en même temps on a toujours peur. Mais on ne sait pas encore de quoi »

« On se sent libres et en même temps on a toujours peur. Mais on ne sait pas encore de quoi »

Roba Sleiman et sa sœur Rola, respectivement gérante et fondatrice du centre culturel Zawaya, à Damas, le 16 janvier 2025.

L’émotion est intense parmi les dizaines de Syriens réunis dans le centre d’art Zawaya, au cœur de Damas. Ce 15 janvier, la projection qui y est organisée est une première à tout point de vue. A la faveur de la chute du régime du dictateur Bachar Al-Assad, le 8 décembre 2024, le réalisateur Oussama Mohamed, 70 ans, a pu revenir en Syrie après quatorze ans d’exil forcé en France. Son premier long-métrage, réalisé en 1988, Noujoum A’ Nahar (Etoiles de jour), l’histoire d’une famille qui se désintègre, est montré dans la capitale syrienne, trente-sept ans après avoir été frappé d’interdiction, alors que Hafez Al-Assad, le patriarche du clan, était au pouvoir.

« Il y avait des grands-messes du cinéma avant que le Baas [alors le parti unique] ne détruise la tradition du cinéma syrien. J’espère que les nouvelles autorités seront plus intelligentes et comprendront mieux la Syrie et sa culture. Sans cinéma et sans liberté artistique, c’est la mort, l’emprisonnement de l’imaginaire des Syriens et de la jeune génération », plaide Oussama Mohamed. Son film inaugure le cycle de projection du nouveau ciné-club animé par un jeune cinéaste prometteur, George Ashkar ; au programme, des œuvres censurées pendant le demi-siècle de règne de la dynastie des Al-Assad. « Il y a encore deux mois, nous n’aurions même pas osé rêver d’organiser cette projection », s’enthousiasme le jeune homme de 23 ans.

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