
Ce n’est pas à proprement parler un livre de recettes, même si chaque chapitre en comprend une. Ni un roman culinaire, car à côté des anecdotes et péripéties de la cheffe catalane Maria Nicolau, celle-ci ajoute des réflexions philosophiques ou sociologiques, assorties d’informations scientifiques. Le qualifier d’« essai gastronomique » pourrait donner l’image d’un ouvrage solennel. Or les mémoires culinaires que sont, d’une certaine façon, Cuisine ou barbarie, dont la traduction française vient de sortir aux éditions Arpa, sont pleins d’humour et de poésie et se lisent comme un recueil de nouvelles. Véritable phénomène en Catalogne, cet ovni littéraire s’est arraché à plus de 30 000 exemplaires depuis sa parution, en 2022, ce qui en fait le livre de non-fiction en catalan le plus vendu de la décennie.
« L’éditeur voulait un livre de recettes. J’ai refusé, parce que cela fait quarante ans qu’on en publie et en réalité, les gens n’ont jamais aussi peu cuisiné. La cuisine à la maison se meurt, les écoles sont pleines d’étudiants qui veulent être Ferran Adrià [le chef étoilé, tenant de la cuisine moléculaire]. Ils apprennent des gestes mécaniques, mais aucun ne sait faire un ragoût… », explique-t-elle, attablée dans le restaurant de l’Hôtel Fonda Europa, à Granollers, au nord-ouest de Barcelone, où elle nous a donné rendez-vous.
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