![Solann, aux Lilas (Seine-Saint-Denis), le 19 décembre 2024.](https://img.lemde.fr/2025/01/10/106/0/1207/804/664/0/75/0/308c7d3_ftp-import-images-1-z1zgxiwdohtc-364885-3404573.jpg)
D’abord une impression de fragilité, d’élégance diaphane, face à cette silhouette longiligne, ce museau fin aux yeux démesurés. Mais le 19 décembre aux Lilas (Seine-Saint-Denis), dans le petit studio d’enregistrement où travaille son producteur, Valentin Marceau, dit Marso (Suzane, Pierre de Maere, Slimane, Videoclub…), Solann contredit vite ce registre éthéré par la sûreté de son expression, la précision de ses analyses, la force de ses convictions.
Un contraste qui avait déjà fait sensation, il y a juste un an, à l’écoute de son premier EP, Monstrueuse, et en particulier de sa chanson Rome. Introduite par les notes frêles d’un ukulélé, la comptine se muait en brûlot féministe – « Et j’compte même plus les fois/Où on m’a traitée d’chienne (…)/ Mais c’est une chienne qui a élevé Rome/Les putes comme moi portent les rêves des hommes » – qui lui avait valu autant d’admiration que d’agressions sur les réseaux sociaux. Certains se moquant, entre autres, de prétendues approximations historiques (« C’est une louve pas une chienne qui a recueilli Rémus et Romulus… »).
Ils étaient rapidement désavoués par l’historien-tiktokeur Yann Bouvier, alias YannToutCourt, précisant qu’en latin lupa, « la louve », désignait aussi une prostituée dans la littérature antique. « En parlant d’un canidé, Solann nous permet de nous reconnecter au double sens originel du mythe », assurait-il. « Si Rome a permis de me faire connaître, la violence des réactions a été parfois traumatisante », reconnaît la jeune femme de 25 ans, tout en se moquant de la débilité masculiniste de certains posts. « A 8 heures du matin, il y en a quand même un qui m’a écrit : “Les femmes, c’est comme les œufs, c’est mieux quand c’est battu, alors fais attention !” »
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