A Salem, dans les années 1970, la violence d’un service de psychiatrie pour femmes dans l’objectif de Mary Ellen Mark

A Salem, dans les années 1970, la violence d’un service de psychiatrie pour femmes dans l’objectif de Mary Ellen Mark

Les images prises par l’Américaine Mary Ellen Mark à l’hôpital d’Etat de l’Oregon, à Salem, en 1976, ne cachent rien de la violence quotidienne qui règne dans un service de psychiatrie pour femmes à l’époque : les patientes sont enfermées, obligées d’uriner dans des pots de chambre, enchaînées à leurs lits des heures, voire des jours, soumises à des électrochocs.

Mais ce sont d’abord des individus que la photographe montre, pas des folles ou des victimes : le temps qu’elle a passé avec Verla, Mona, Debbie, Mary Iris ou Tommie lui a permis de gagner leur confiance et de les saisir dans leur intimité et leur fragilité, en train de prendre un bain ou juste de rêver, les rendant simplement humaines et proches.

Cette série historique des débuts de la carrière de Mary Ellen Mark (1940-2015), qui s’est fait connaître sous la forme d’un livre, Ward 81, réédité et enrichi en 2023 (Steidl), et exposée actuellement à Kingston, dans l’Etat de New York, aux Etats-Unis, témoigne de l’engagement dont la photographe fera preuve toute sa vie dans son travail, puisant souvent ses sujets dans les marges de la société. C’est après sa participation comme photographe au film Vol au-dessus d’un nid de coucou, de Miloš Forman, en 1975, tourné dans l’hôpital de l’Oregon, avec des acteurs et de vrais patients, qu’elle a l’idée de se concentrer sur le quartier fermé réservé aux femmes.

Asiles oppressifs

Alors qu’à la fin des années 1970 le monde occidental s’interroge sur la façon de traiter les malades mentaux et dénonce le caractère oppressif des asiles sous l’influence de penseurs comme Michel Foucault, Mary Ellen Mark s’associe avec une amie, l’écrivaine et thérapeute Karen Folger Jacobs, pour passer un mois entier en immersion dans le service psychiatrique. Les deux femmes ne veulent pas rester des observatrices extérieures : elles passent leurs journées avec les patientes, dorment dans le service d’à-côté et surtout échangent avec elles.

Il vous reste 51.54% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Related Post

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *