Dans son cinquantième livre, Nuit blanche (Grasset), Bernard Henri-Lévy considère que « dormir, c’est déjà mourir un peu ». Depuis plus de cinquante ans, l’auteur hyperactif fait tout pour ne pas disparaître. Objectif atteint si l’on en croit sa présence, constante, dans Le Monde depuis un demi-siècle : pas moins de 1 539 occurrences sous son patronyme ou sous ses célèbres initiales, « BHL », réparties entre des portraits, des critiques de ses livres ou de ses films, des tribunes, des entretiens et même quelques reportages signés de son nom dans le journal, où le célèbre intellectuel a été membre du conseil de surveillance de novembre 2010 à juin 2022.
La première fois que Le Monde a écrit Bernard Henri-Lévy remonte au 30 janvier 1973. Le jeune homme, présenté comme « ancien élève de l’Ecole normale supérieure » et journaliste au quotidien Combat, accompagne l’auteur Jean-Edern Hallier, déjà amateur de polémiques, à l’émission de télévision « Italiques ». Une émission à laquelle ils ne sont plus conviés et qu’ils doivent quitter sous protection policière.
La même année, le 26 avril, le quotidien du soir rend compte des débuts poussifs de la carrière du jeune intellectuel. Dans la critique de son premier ouvrage, sur la naissance du Bangladesh, l’article souligne que « M. Lévy a commis plusieurs erreurs et contradictions regrettables ». Deux ans plus tard, le 25 janvier 1975, Le Monde annonce que l’écrivain, qui a adopté « une certaine manière très rocardienne de reprendre son souffle au milieu d’un mot et d’accélérer les dernières syllabes », lance, avec de l’argent familial, un nouveau quotidien nommé L’Imprévu. Faute de lecteurs, la publication s’arrêtera au bout de onze jours.
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