Empêché par le pouvoir algérien
Lorsque Antoine Gallimard, l’éditeur de Boualem Sansal, fait appel à lui, Me François Zimeray accepte immédiatement. Il se souvient bien de cet écrivain rencontré au milieu des années 2010. « Il m’avait beaucoup impressionné par son courage et touché par sa gentillesse. » Mais le travail de l’avocat de 63 ans se révèle compliqué : il n’a pas le droit d’échanger directement avec son client (contre lequel une peine de dix ans de prison ferme a été requise), sa demande de visa pour l’Algérie est refusée et il fait lui-même l’objet d’une violente campagne dans la presse locale, qui lui reproche d’être « sioniste ». Le procès – dont le jugement devait être rendu le 27 mars – s’est déroulé en son absence. « Depuis le début, rien n’est transparent dans cette procédure », dénonce-t-il. Sans possibilité de se rendre à Alger, l’avocat s’active sans relâche à « maintenir un dialogue permanent avec les autorités françaises et les avocats algériens ».
Au service des droits de l’homme
François Zimeray est aussi diplomate et spécialiste des droits humains – il fut ambassadeur pour les droits de l’homme de 2008 à 2013, puis au Danemark jusqu’en 2018. Il a notamment travaillé à la rédaction de la Charte européenne des droits fondamentaux lorsqu’il était eurodéputé, en 1999. Comme défenseur de l’écrivain, il mobilise les médias étrangers et a accompagné de près la résolution européenne exigeant sa libération immédiate et inconditionnelle. L’avocat a également saisi le Haut-Commissariat des droits de l’homme de l’ONU d’une plainte contre l’Algérie pour détention arbitraire. « Il ne s’agit pas d’un problème franco-algérien, répète-t-il, mais d’une question universelle : celle du droit d’un écrivain incarcéré à un procès judiciaire équitable. »
Il vous reste 49.33% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.